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COP28 : réflexions sur les résultats de l'assurance inclusive

La COP 28, qui s'est tenue aux Émirats arabes unis en novembre dernier, a été une réunion historique, car c'est la première fois que le résultat des discussions appelle explicitement à une "transition vers l'abandon des combustibles fossiles". C'était également la première fois que l'alimentation, l'eau, la santé et la biodiversité figuraient explicitement à l'ordre du jour, soulignant ainsi l'importance de considérer l'impact du changement climatique en gardant ces thèmes à l'esprit. 

En outre, la question du financement de la lutte contre le changement climatique a occupé une place centrale pendant les deux semaines de la conférence. Toutes les bonnes intentions d'agir contre le changement climatique sont inutiles s'il n'y a pas de mécanismes financiers pour les soutenir. Les gouvernements, le secteur privé et les ONG présents ont envoyé des signaux politiques forts et se sont engagés sur l'importance de l'assurance inclusive dans la lutte pour renforcer la résilience au changement climatique.

Ce fil conducteur a été repris dans les différentes discussions qui ont eu lieu au cours des deux semaines. Beaucoup ont souligné la nécessité d'adopter des approches plus innovantes pour ouvrir de nouvelles sources de financement et aider les communautés les plus touchées par le changement climatique à devenir plus résilientes, et cet appel à l'action a été inclus dans l'inventaire mondial. Bien qu'il reste encore beaucoup à faire dans ce domaine, plusieurs initiatives réussies d'assurance inclusive ont déjà été lancées dans divers pays, dont certaines ont été présentées lors de la COP28. Cela montre qu'il y a des progrès positifs et donne l'espoir que la micro-assurance peut se développer pour jouer un rôle plus important dans le renforcement de la résilience parmi les plus vulnérables dans le monde.

Des enseignements importants pour l'assurance inclusive 

Tout au long de la COP28, de nombreuses conversations ont eu lieu sur les différents moyens de faire face à la crise climatique, qu'il s'agisse de limiter l'augmentation de la température mondiale, de parvenir à des émissions nettes nulles d'ici 2050 ou d'aider les communautés vulnérables à s'adapter au changement climatique. C'est sur ce dernier point que l'assurance inclusive a un rôle important à jouer, et il y a eu plusieurs discussions et accords qui aideront à définir l'orientation et à soutenir la croissance du secteur à l'avenir. En voici quelques-uns :

  • Bilan mondial

L'un des résultats centraux de la COP28 a été le tout premier Bilan Mondial. Il contient chaque élément qui était en cours de négociation et sera utilisé par les pays pour élaborer des plans d'action climatique plus solides pour 2025. Le bilan a reconnu que de nombreuses parties à l'Accord de Paris n'ont toujours pas atteint les objectifs d'émissions visant à limiter l'augmentation de la température mondiale. Il a également mis en évidence que, si des milliards de dollars ont été engagés dans les différents fonds qui soutiennent l'action contre le changement climatique (par exemple, le Fonds vert pour le climat, le Fonds pour les pays les moins avancés et le Fonds d'adaptation), on est encore loin des milliers de milliards nécessaires pour aider les pays en développement à mettre en œuvre leurs plans nationaux de lutte contre le changement climatique et d'adaptation. 

Par conséquent, le bilan a mis en évidence la nécessité de réformer l'architecture financière multilatérale actuelle et d'établir des sources de financement nouvelles et innovantes. Il a également mis l'accent sur le rôle des différents acteurs, notamment les gouvernements, les investisseurs institutionnels et les autres organisations financières.

  • Le Fonds pour pertes et dommages

Une autre étape clé franchie lors de la COP28 a été l'accord visant à rendre opérationnel le Fonds pour les pertes et dommages (L&D). L'objectif de ce fonds est d'aider les pays vulnérables à faire face aux effets du changement climatique et peut être utilisé pour soutenir des initiatives qui aident à gérer les risques et à renforcer la résilience aux niveaux micro, méso et macro. Les discussions qui se sont déroulées pendant deux semaines ont permis de définir les détails pratiques du fonctionnement du fonds, et il a été convenu que la majorité des 26 membres du conseil d'administration proviendraient de pays en développement. À la fin de la conférence, de nombreux pays, dont les Émirats arabes unis, l'Allemagne, le Royaume-Uni, le Japon et l'Union européenne, s'étaient engagés à verser un total de 770,6 millions d'USD.

  • Présentations et déclarations autour du renforcement de la résilience climatique

La conférence a offert de nombreuses occasions aux organisations de présenter leurs plans et d'obtenir un soutien pour des initiatives qui renforcent la résilience face au changement climatique. Par exemple, la déclaration sur l'agriculture durable, les systèmes alimentaires résilients et l'action climatique a été signée par 134 pays qui produisent collectivement 70 % des aliments que nous mangeons et qui sont responsables de 76 % de toutes les émissions des systèmes alimentaires mondiaux (25 % des émissions totales à l'échelle mondiale). Lors de la présentation de la déclaration, S.E. Mariam bint Mohammed Almheiri, Ministre du changement climatique et de l'environnement des Émirats arabes unis et chef de file des systèmes alimentaires de la COP28, a appelé les pays à placer les systèmes alimentaires et l'agriculture au cœur de leurs ambitions climatiques.

La Charte pour anticiper les catastrophes a été signée par plus de 40 pays et organisations et a souligné "la nécessité d'investir davantage dans l'action anticipative et de plaider en faveur de l'adaptation dans les contextes fragiles", selon Zinta Zommers, de l'UNOCHA. La campagne Race 2 Resilience (R2R) a présenté son rapport d'avancement. Depuis son lancement il y a trois ans, la campagne a rallié 34 partenaires et plus de 647 membres, dont 86 villes et 78 régions, qui se sont tous engagés à mener des actions de résilience dans 164 pays. Collectivement, ils ont mobilisé 39,44 milliards d'USD. Le rapport souligne le rôle essentiel que joue l'assurance dans la protection financière contre les chocs climatiques, ainsi que dans l'analyse des risques et l'investissement. Il met également en lumière la collaboration entre le Forum pour le développement de l'assurance et R2R, qui constitue un partenariat public-privé fructueux permettant de combler le déficit de protection, de renforcer la résilience mondiale et d'accélérer l'effort collectif.

  • Objectif mondial en matière d'adaptation

L'adaptation a été un autre sujet clé de la COP28, et les parties se sont mises d'accord sur les objectifs et le cadre nécessaires pour que le monde soit résilient face aux impacts du changement climatique. Cela a été formalisé dans l'objectif mondial sur l'adaptation (GGA). L'accord marque un changement par rapport aux accords précédents, en mettant l'accent sur l'adaptation et l'action sur un pied d'égalité avec l'atténuation. Dans le cadre des discussions, le rôle du financement a été mis en évidence comme étant crucial pour atteindre ses ambitions et le texte final de l'accord a exhorté les pays développés à rendre compte de leurs progrès en vue de doubler le financement de l'adaptation d'ici à 2025. Il reconnaît également que le financement doit aller bien au-delà.

Exemples d'initiatives d'adaptation réussies

L'importance de l'adaptation pour soutenir la résilience au changement climatique des communautés vulnérables a été démontrée par de nombreux événements qui ont montré comment différents secteurs et industries - souvent par le biais de partenariats public-privé - ont déjà développé et mis en œuvre des initiatives locales.

Par exemple, un événement a présenté les progrès réalisés par la Déclaration de Nairobi sur l'assurance durable (NDSI) qui exige de tous les signataires qu'ils s'engagent à respecter cinq piliers : la gestion des risques ; l'assurance ; l'investissement ; l'engagement politique, réglementaire et sectoriel ; et la réflexion et les pratiques en matière d'assurance durable. Depuis son lancement en 2021, la NDSI compte déjà plus de 130 signataires de 27 pays, dont de grands assureurs. 

Un autre événement a montré comment le groupe AIA - le plus grand assureur vie et santé pan-asiatique et l'un des plus grands assureurs au monde en termes de capitalisation boursière - progresse dans ses efforts de durabilité, et a souligné quelques étapes importantes, notamment en devenant le premier assureur vie et santé pan-asiatique à voir ses objectifs de réduction des émissions à court terme validés par l'initiative Science Based Targets (SBTi). Cette initiative est encourageante car elle montre que les grandes compagnies d'assurance internationales peuvent montrer la voie en matière d'initiatives d'assurance axées sur le climat.

Enfin, un événement sur le thème de l'intégration de l'assurance paramétrique dans la boîte à outils du financement des risques de catastrophes a mis en évidence le rôle essentiel de l'assurance paramétrique dans les stratégies de gestion des risques de catastrophes de pays tels que les Tonga et les îles Cook. Elle a également souligné l'importance du financement préétabli pour combler le déficit de protection en cas de pertes dues aux catastrophes et, en particulier, pour aider les gens à apprendre à mieux gérer leurs risques. 

La discussion s'est concentrée sur l'importance du soutien de la communauté internationale pour aider à atteindre la résilience à travers des mécanismes tels que le Fonds de résilience du Pacifique (PRF). Au cours de l'événement, Ben Ponia, représentant le Premier ministre des Îles Cook, a remercié l'Allemagne pour son soutien au PRF. "Il permet aux îles Cook d'accroître la valeur de leurs politiques. Et pour la première fois, parce que nous avons budgétisé et payé pour ce produit d'assurance, nous pouvons bénéficier de cette subvention".

La COP28 n'a pas seulement été une réunion historique pour la communauté mondiale en termes d'accords sur la réalisation d'objectifs nets de zéro et la limitation de l'augmentation de la température mondiale, elle a également été une réunion très positive pour le secteur de l'assurance inclusive. Outre les discussions et les engagements pris concernant le financement des pays en développement et l'importance collective accordée aux stratégies d'adaptation, le fait qu'il y ait eu tant d'exemples de la manière dont ces idées sont déjà mises en œuvre avec succès est porteur de beaucoup d'espoir. Nous sommes impatients de voir comment l'élan donné par la COP28 se poursuivra tout au long de l'année et conduira, nous l'espérons, au changement et à l'innovation dans l'ensemble du secteur. Et nous sommes impatients de voir comment le MiN, avec ses partenaires, peut soutenir l'élargissement et le développement de projets d'assurance inclusive dans le monde entier.